Persona 5 Strikers (version physique, v1.0.0, sortie le 23 février 2021), Développeur: Omega Force, Éditeur: SEGA
Disponible depuis début 2020 au Japon sous le nom Persona 5 Scramble, Persona 5 Strikers fait enfin son apparition sur les marchés occidentaux et se veut d’être un spin-off, mais également la suite, de Persona 5. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de jouer au RPG d’Atlus, que ce soit dans sa version classique ou Royale, il va s’en dire que vous risquez d’avoir un peu de mal à comprendre les tenants et aboutissants de P5S, entre les différents personnages qui ont noué de forts liens d’amitié, le concept de métavers, ou encore tout le jargon autour des Persona. Soit dit en passant, je n’ai jamais touché à Persona 5 et après avoir dû m’accrocher durant les premières heures, j’ai eu bien du mal à lâcher la console tant le jeu est addictif et abouti au possible…
Histoire de rassurer tout le monde dès le départ, sachez que le jeu est intégralement traduit en français et l’adaptation est franchement excellente (on est loin des jeux traduits à la va-vite). Du côté des doublages, vous aurez la possibilité de choisir la version originale en japonais ou la version anglaise qui est d’assez bonne facture. Mais le studio ne s’est pas simplement contenté de traduire les dialogues puisque toute l’interface a sauté le pas de la langue de Molière et il faut avouer que le résultat est largement à la hauteur des jeux à gros budget. Soyons clairs: l’habillage est l’une des grandes réussites du titre puisque le studio a poussé le bon goût jusqu’à animer les différents menus et l’ensemble s’avère être vraiment somptueux.
Votre nouvelle aventure débute le 24 juillet tandis que nos héros, les Voleurs Fantômes, projettent d’aller passer du temps ensemble dans un camping afin de profiter de leurs vacances bien méritées. Mais rapidement, des mésaventures à Shibuya vont faire place aux doutes de nos héros concernant les intentions d’Alice Hiiragi, une influenceuse dont tout le monde semble tomber amoureux et dont les intentions se révèlent être assez machiavéliques. Fort heureusement, vous pourrez compter sur vous (Joker), votre chat (Morgana) et vos amis, pour retourner dans le métavers afin de combattre le Mal : à vous de comprendre ce qu’il se trame réellement et d’empêcher la population de tomber sous son emprise. Sans rentrer dans les détails, on se fait assez rapidement une idée de la raison qui peut pousser une personne à vouloir être aimée/idolâtrée par tout un chacun.
Rapidement, vous rencontrerez un personnage assez farfelu baptisé Lavenza dans la Chambre de Velours : ses paroles n’ont pas vraiment de sens, avec pas mal de grandes phrases pour ne rien dire (banalités ?), mais son aide vous sera précieuse pour mener à bien votre aventure (c’est d’ailleurs elle qui vous apprendra plus tard à fusionner/renforcer vos Personae).
Il y a également pas mal de ressorts comiques avec Sophia qui, vous le découvrirez assez rapidement, est une IA en rodage, un brin amnésique, et qui a tendance à prendre les choses au premier degré, même si ses connaissances évoluent assez rapidement du fait de ses recherches en continue sur Internet. Bref, il y a du beau monde dans ce titre et le scénario devrait vous tenir en haleine pendant un bon bout de temps !
Concernant le titre en lui-même, il y a deux types distincts de gameplay puisqu’une partie du jeu s’apparente à un Visual Novel où vous assisterez à de longues discussions entre les différents protagonistes, avec bien souvent des choix multiples pour continuer la conversation. La plupart des dialogues sont saupoudrés d’humour, et avec la traduction française aux petits oignons, cette partie VN est vraiment irrésistible. Il y aura beaucoup à faire ici, entre aller acheter du matériel, mener des enquêtes et j’en passe : heureusement que le voyage rapide vous permettra de vous rendre plus rapidement dans certains lieux, histoire de gagner un peu de temps entre tous vos déplacements avant de retourner à votre QG pour le debrief. Justement, concernant votre planque au Café Leblanc, elle deviendra un véritable hub puisqu’elle vous permettra d’infiltrer la Prison, de discuter, de donner suite à des requêtes, d’entrer dans la Chambre de Velours, d’utiliser la boutique en ligne de Sophia, de cuisiner, etc… Par la suite, votre petite bande devra prendre la route et c’est alors votre van qui se transformera à son tour en hub principal.
Et c’est d’ailleurs en prenant part à des activités avec vos amis que vous influerez directement sur votre niveau de lien, ce qui permettra ensuite aux Voleurs Fantômes de débloquer diverses compétences. Notez que ceci vaut également lorsque vous combattez ensemble dans le métavers, ce qui nous amène subtilement (ou non) vers le second type de gameplay, à savoir le Musô matiné d’Action-RPG.
En effet, en entrant dans le métavers pour combattre les Ombres et faire avancer l’histoire, vous découvrirez une facette du jeu qui vous rappellera très certainement tous les titres estampillés Dynasty Warriors où des hordes d’ennemis s’abattent sur vous et où vous devez matraquer les boutons pour éliminer vos adversaires avant de passer à la “salle” suivante (notez qu’il sera souvent nécessaire de se la jouer infiltration pour prendre des ennemis à revers, ou tout simplement pour les esquiver afin de ne pas augmenter le Niveau de Sécurité de la Prison). La première étape d’une exploration réussie passera forcément par la composition de votre équipe qu’il faudra choisir assez rigoureusement pour espérer venir à bout du “niveau”, sachant qu’il vous sera possible de passer d’un combattant à un autre en utilisant la croix directionnelle. Et comme il faut s’y attendre avec le type Musô, on ne maitrise pas toujours ce qu’il se passe à l’écran: l’action y est omniprésente et le déluge d’effets spéciaux, liés ou non à des pouvoirs, peut rendre le tout assez illisible. Mais comme on y prend beaucoup de plaisir, on y revient inexorablement; surtout que le titre parvient (non sans sacrifices) à conserver un framerate quasiment stable à 30 fps en mode portable, avec toutefois quelques chutes lors des affrontements face à des ennemis beaucoup trop nombreux. En parlant de sacrifices sur l’autel de la console hybride de Nintendo, on pourra notamment évoquer quelques effets d’aliasing sur les modèles 3D lors des phases statiques (en mode Visual Novel), ou un léger flou, mais rien de trop répugnant, surtout que l’on a connu (vraiment) bien pire sur cette console…
Au final, et même sans avoir joué au volet principal, Persona 5 Strikers est une véritable réussite et réussit à rendre fort agréable ce mix complètement fou entre Visual Novel, A-RPG et Musô. Il y a forcément un temps d’adaptation nécessaire pour comprendre tout le vocabulaire employé mais force est de reconnaitre que la traduction française, excellente, est une aide précieuse pour réussir à assimiler tout ce jargon et profiter à fond de ce road-trip à travers le Japon. Avec une durée de vie supérieure à 40 heures (en mode Facile), le titre réussit la prouesse de ne jamais devenir ennuyant et l’on se prendrait presque à espérer qu’un second volet, ou une grosse extension, vienne prolonger notre plaisir. On regrettera tout de même une difficulté assez alambiquée (le début étant plus difficile que la fin), mais l’habillage artistique général et la bande son complètement folle vous pousseront sans le moindre mal à continuer votre aventure en faisant fi de ces quelques griefs: du pur génie !