Final Fantasy XVI (version dématérialisée, v1.000.003, sortie le 22 juin 2023), Développeur: Square Enix, Éditeur: Square Enix
Pour ce seizième épisode de la série principale FINAL FANTASY, Square Enix a fait appel à un parterre de talents afin de nous proposer le meilleur RPG possible. Outre le département interne de la Creative Business Unit III spécialisée dans les MMO, nous retrouvons notamment Naoki Yoshida (Final Fantasy XIV: A Realm Reborn) à la production, une partie des équipes de PlatinumGames (studio reconnu pour sa maitrise de l’action) ou encore Tai Yasue qui s’est fait un nom avec la série Kingdom Hearts. Alors, après l’accueil assez mitigé de Final Fantasy XV en 2016, la franchise fera-t-elle son grand retour avec ce Final Fantasy XVI exclusif à la PS5 ? Sans trop en dévoiler, le pari est largement relevé…
L’histoire de FF16 prend place à Valisthéa, un univers totalement nouveau dans la série, et il va donc falloir appréhender les enjeux politiques entre les différentes nations, les forces (naturelles ou non) en présence, les trahisons, l’hégémonie des cristaux-mères protecteurs, et j’en passe. Bref, tout ce qui fait le sel d’un vrai RPG avec beaucoup de contexte.
Dans ce monde médiéval, les Primordiaux sont les entités les plus puissantes de Valisthéa: elles résident dans le corps de simples mortels appelés Émissaires. L’histoire vous demande de prendre en main la destinée de Clive Rosfield, fils ainé de l’archiduc de Rosalia. Las, malgré les attentes de sa famille, c’est finalement son jeune frère, Joshua, qui se révèle être l’Émissaire de Phénix, laissant Clive avec la bénédiction de Phénix, ce qui lui permet tout de même d’utiliser une partie des pouvoirs de feu de ce Primordial pour tenir son rôle de Gardien. Fortement pressentie à l’orée d’une nouvelle guerre, une tragédie va alors frapper cette famille (avec un énorme combat entre Primordiaux), laissant Clive comme unique survivant. Treize ans plus tard, notre héros est désormais connu sous le nom de Wyverne, mais reste bien décidé à comprendre ce qu’il s’est vraiment déroulé cette nuit là et à prendre sa revanche. Sans spoiler quoi que ce soit, le prologue vous permet déjà de bien ressentir l’intensité qui vous attend tout au long de vote périple, mais ce n’est évidemment rien par rapport à ce que vous devrez affronter, sachant qu’il m’a fallu 48 heures pour en voir le bout, avec encore pas mal de quêtes secondaires à effectuer.
Mais avant de vous lancer corps et âmes dans l’histoire, il faudra faire quelques choix, d’un point de vue graphique tout d’abord (pour prioriser la résolution ou la performance), mais surtout au niveau du gameplay où vous aurez le choix entre deux modes: action (celui que j’ai utilisé) ou histoire (expérience axée principalement sur l’histoire du jeu, avec un maniement plus simple).
Il faut tout de même avouer que le mapping des commandes plutôt bien fait, avec la possibilité de lancer une attaque en corps à corps ou une attaque magique, de déclencher un talent ou une compétence, ou d’utiliser la croix directionnelle pour un accès plus rapide en combat aux potions par exemple. Les combats sont d’ailleurs une véritable réussite du titre et ce n’est pas une surprise quand on sait que l’on retrouve Ryota Suzuki (Devil May Cry 5) derrière cette orchestration. Le jeu donne parfois l’impression que certains ennemis sont de vrais sacs à PV mais comme tout est parfaitement calibré, il n’y a jamais de sensation de trop-plein et on s’amuse à taper sur les ennemis sans vergogne. A noter que le fait de vider la jauge de volonté de votre adversaire peut engendrer une déstabilisation, c’est à dire qu’il ne sera plus capable de faire quoi que ce soit durant une période de temps donnée. C’est à ce moment là qu’il faut vraiment donner tout ce que vous avez afin d’infliger le maximum de dégâts (avec des multiplicateurs pouvant entrer en jeu). Il faut également noter la possibilité d’utiliser des accessoires afin de simplifier certains aspects du gameplay (ils ont vraiment pensé à tout afin de rendre le jeu le plus accessible possible).
Mais vous ne serez pas seul lors de ces phase car en plus de vos compagnons controlés par l’IA, vous pourrez également vous reposer sur l’assistance de Torgal, votre ami à poils de toujours. Ce dernier peut vivre sa vie bien évidemment, mais il sera également réceptif à vos commandes comme par exemple pour charger l’ennemi. Enfin, lors d’affrontements plus dantesques, vous aurez également quelques moments type QTE pas trop intrusifs, et qui surtout débouchent sur des scènes mémorables, dantesques.
On aurait peut-être apprécié une meilleure utilisation des possibilités de la manette DualSense: il y a bien un peu de retour haptique lors de l’ouverture de certaines portes, ou quelques sons, mais il y avait certainement de la place pour imaginer d’autres utilisations plus ingénieuses.
Après, dans sa structure au bout de quelques heures de jeu, le titre reste assez classique puisque tout s’articule autour d’un hub (le Repaire) où vous pourrez discuter avec différents personnages (pour étoffer votre vision du monde), accepter des quêtes annexes, ou progresser dans l’aventure principale. Tout cela est réglé au millimètre près (trop dirigiste par moments ?), et on aurait peut-être apprécié un peu plus de fantaisie dans la structure même de la narration mais c’est vraiment pour chercher un défaut à l’ensemble. Vous n’échapperez pas au lot de quêtes dites ‘Fedex’ (aller chercher un objet pour le ramener à un tel endroit) qui peuvent un peu casser le rythme général mais la jouabilité est tellement bien réglée que l’on arrive à apprécier ces moments, notamment lors des missions de type chasse de cibles d’élite (où vous rencontrerez des ennemis déjà croisés auparavant, mais autrement plus puissants, avec des rangs allant de C à S).
Ce n’est pas toujours évident avec des RPG denses mais force est de reconnaitre que même l’interface est d’excellente facture, ainsi que tout l’habillage autour des changements de niveau et des tutoriels intégrés. Il faudrait presque y voir l’adaptation à la lettre de certains ouvrages UX/UI tellement tout est parfaitement calibré et il n’y a pas forcément de frein à l’idée de devoir aller se “perdre” dans les menus pour modifier vos armes/accessoires, ou faire évoluer vos compétences.
Outre une bande son épique, le titre peut également se targuer de proposer un doublage français d’excellente facture, de même qu’une excellente localisation (textes, univers) qui démontre une fois de plus qu’avec du budget et des producteurs investis, on peut obtenir des chefs d’oeuvre. Il faut tout de même noter que c’est l’anglais qui a servi de base pour la création du jeu, notamment pour la synchronisation labiale, donc certains d’entre vous pourraient se laisser tenter par la langue de Shakespeare.
Au final, Final Fantaxy XVI est proche de la perfection et restera certainement pendant de longues années la nouvelle référence en terme de RPG. Dotés d’animations à couper le souffle, le titre bénéficie d’un univers particulièrement dense, associé à un gameplay dynamique parfaitement calibré et à une OST magistrale, et si certains joueurs pourraient avoir du mal à rentrer dans le jeu durant ses premières heures, rassurez-vous: le jeu prend tout son envol après une dizaine d’heures (de mon côté, j’ai tout de suite adhéré à la proposition donc pas de soucis). Si l’on ne peut pas passer sous silence certaines quêtes pas franchement enthousiasmantes, force est de constater que le titre n’est pas avare en contenus en tous genres, allant même jusqu’à recycler certains donjons via un mode arcade qui vous demandera d’obtenir les meilleurs scores, ou via les Monuments de Chronos que l’on pourrait assimiler à du time attack. Après une cinquante d’heures de jeu, vous devriez en voir la conclusion, et très certainement prendre la décision d’enchainer directement sur un New Game+ proposant une difficulté Fantaisie Finale qui devrait ravir les amateurs de challenge. Le titre est donc vraiment très complet dès le départ et devrait vous tenir en haleine durant de longs mois, en attendant peut-être un spin-off dans quelques temps: le monde de Valisthéa est tellement vaste qu’il y a encore de nombreux récits à conter…