FANTASIAN Neo Dimension (version dématérialisée, v1.000.200, sortie le 5 décembre 2024), Développeur: Mistwalker, Éditeur: Square Enix
Développé par le studio Mistwalker (Blue Dragon, Lost Odyssey) avec notamment Hironobu Sakaguchi (le papa de Final Fantasy) à la baguette, FANTASIAN Neo Dimension est un JRPG comme nul autre à notre époque, avec une énorme ambition, mais également quelques défauts qui pourraient le couper d’un succès commercial qui lui serait dû. Pour la petite histoire, sachez qu’à l’origine le titre s’appelait FANTASIAN lors de sa sortie en 2021 sur Apple Arcade, et qu’il avait alors pris la forme de deux épisodes sortis à quelques mois d’écart. Cette nouvelle version s’est donc vue ajouter un sous-titre « Neo Dimension » afin de bien faire comprendre qu’il s’agit d’un titre revu de fond en comble (graphismes, jouabilité, doublages, …) pour les deux générations de consoles et les joueurs PC.
Après une superbe cinématique qui vous mettra bien dans l’ambiance, les joueurs découvriront Léo, le protagoniste de ce jeu qui débute par une pirouette scénaristique archi-usée, j’ai nommé l’amnésie (notre héros venant de se faire « rebooter »). Votre objectif sera donc de permettre à Léo de retrouver ses souvenirs et de résoudre l’énigme posée par une étrange infection mécanique qui détruit son monde.
En terme de graphisme, le jeu nous renvoie directement à des titres plus anciens dans son utilisation des décors, avec notamment plus de 150 dioramas méticuleusement créés à la main. Alors évidemment, le fait que les personnages soient en 3D peut donner un rendu assez confus, mais on s’y fait assez vite et l’on se délecte du parti-pris graphique du titre. Le chara-design n’est pas en reste et le résultat global est à la hauteur de nos espérances en voyant le nom des artistes ayant pris part au développement. Le titre propose également de la 4K sur les consoles de dernière génération, ce qui devrait ravir les fans de tech mais qui ne m’a pas particulièrement bouleversé.
Côté jouabilité, FANTASIAN Neo Dimension se joue assez naturellement avec la manette mais bien évidemment, le coeur du gameplay se trouve au niveau des combats qui se déclenchent impunément au gré de vos trajets et qui se déroulent au tour par tour. Vous aurez ainsi l’occasion de déclencher les actions de votre héros, Léo, mais également de gérer celles de vos coéquipiers. Comme d’habitude, les premiers combats font office de tutoriel afin de vous aider à assimiler les commandes mais il faut bien avouer que tout a été parfaitement adapté aux manettes et le déroulé des combats est finalement assez fluide (là où d’autres titres restent assez poussifs dans leur utilisation du tour-par-tour). Tous les personnages sont dotés de compétences qui leur sont propres, et il vous incombera donc de trouver la meilleure stratégie afin de vos renverser vos adversaires (surtout les plus coriaces), sachant qu’il vous sera possible par la suite (Acte 2) d’aller encore plus loin dans ces compétences uniques via la Growth Map (voyez cela comme un arbre de compétences propre à chaque personnage, avec différents embranchements à débloquer). Ce qui est particulièrement intéressant avec ces compétences et ces attaques, c’est qu’elles possèdent des trajectoires bien distinctes (en ligne droite, ou avec des effets), avec la possibilité de toucher plusieurs adversaires en un coup: cela rajoute donc une dimension tactique supplémentaire aux affrontements. Et prenez garde également aux altérations d’états que vos ennemis pourraient vous infliger: il est vivement conseillé de les traiter rapidement afin de ne pas minimiser vos chances de victoire. Enfin, il n’y a pas de jauges de PV affichées pour vos adversaires mais leur nom change de couleur pour indiquer que leur santé baisse: de blanc à route, en passant par orange. De plus, pendant votre tour, certains personnages peuvent lancer des analyses (Analyze) ou des recherches (Research) depuis le menu des compétences ou à l’aide d’un objet (Research Lens) pour analyser les ennemis et extraire des informations, notamment sur leurs points faibles et leur santé.
Le titre propose également le système Dimengeon qui permet d’emprisonner les ennemis rencontrés pour les combattre plus tard, à votre guise. Mais attention, sa capacité est limitée et lorsqu’il sera rempli, vous devrez les affronter simultanément (ce qui a aussi ses avantages). La partie aventure n’est pas en reste et le système de déplacement « Move » vous permet de rejoindre certains points automatiquement grâce au Warp Device, histoire de gagner du temps et d’éviter certaines rencontres aléatoires.
Un gros bémol tout de même pour les joueurs les plus jeunes: le titre ne propose que deux langues (japonais, anglais) que ce soit pour les doublages ou pour les textes à l’écran, ce qui pourrait freiner bon nombre des joueurs cherchant à se lancer dans une nouvelle aventure de ce type. Le niveau d’anglais demandé n’est pas forcément dingue (surtout comparé à certains titres non-traduits de NIS America par exemple) mais certains mots vous feront sans doute avoir recours à un dictionnaire pour bien assimiler toutes les subtilités des dialogues.
La partie sonore n’est pas en reste puisque cette nouvelle version de FANTASIAN propose une nouvelle option, Collaboration BGM, qui permet de profiter d’une sélection de musiques de jeux Final Fantasy populaires lors des combats, dont la série FINAL FANTASY Pixel Remaster (I-VI), FINAL FANTASY VII REMAKE, FINAL FANTASY VII REBIRTH, FINAL FANTASY XIV: Endwalker, FINAL FANTASY XIV: Dawntrail, et FINAL FANTASY XVI. Pour le reste, le titre propose toujours les superbes musiques originales composées par Nobuo Uematsu, pour notre plus grand plaisir.
En terme de durée de vie, le choix de la difficulté (Normal, Hard) aura bien évidemment un impact sur votre aventure. Pour ma part, en Normal, j’ai tout de même eu besoin de près de soixante heures avant d’en voir le bout (et encore je n’ai pas tout fait), et l’utilisation du PlayStation Portal m’a grandement aidé afin de pouvoir profiter du titre quelque soit l’endroit. Il est assez difficile d’en décrocher une fois que l’on se retrouve embarqué dans cette histoire, surtout si vous souhaitez venir à bout de toutes les quêtes supplémentaires, nécessaires pour obtenir le niveau requis face à certains ennemis (d’ailleurs la présence de nombreux points de sauvegarde aide beaucoup pour profiter du jeu par sessions). Si vous y aviez déjà joué sur les appareils Apple il y a quelques années, sachez que le mode Hard correspond au seul mode qui était disponibles sur la version Apple Arcade: il y a donc eu une volonté de rendre le titre plus accessible afin de ne pas créer de frustration chez certains joueurs (et c’est tant mieux). Et pour les plus téméraires, sachez qu’il sera également possible de débloquer une option New Game+ afin de recommencer le jeu depuis le début tout en conservant tous vos niveaux et objets.
Si après tout cela, vous ne savez toujours pas si FANTASIAN Neo Dimension est fait pour vous, sachez que Square Enix a mis à disposition une démo qui reprend les premières heures du jeu et qui permet de transférer ses sauvegardes par la suite vers le véritable jeu.
Au final, FANTASIAN Neo Dimension est un petit plaisir coupable qui rentre directement dans la catégorie des RPG à faire dans sa vie, d’autant plus que cette nouvelle version propose de nombreux ajustements (graphismes, gameplay, difficulté, doublages) qui le rendent beaucoup plus accessible. Las, l’absence de traduction française (à minima pour les textes) reste une incompréhension pour un éditeur tel que Square Enix et cela jouera très certainement de manière négative sur le succès commercial du titre. L’utilisation des dioramas ne plaira sans doute pas à tout le monde (certains environnements peuvent paraitre « moches » à première vue), mais cela permet de faire souffler un certain brin de nostalgie sur l’ensemble, et c’est finalement au niveau du gameplay que le titre se démarque de la concurrence avec son approche stratégique des combats. Savourons donc notre plaisir, car les jeux estampillés Mistwalker se font rare, et qui sait, peut-être que ce titre sera le déclic nécessaire pour remettre le studio sur le devant de la scène…
