Dragon Quest III HD-2D Remake (version dématérialisée, v1.000.000, sortie le 14 novembre 2024), Développeur: Team Asano, Éditeur: Square Enix
A l’origine, Dragon Quest III est un JRPG développé par Chunsoft pour le compte de l’éditeur Enix (bien avant le grand rapprochement avec Square), et qui vit le jour sur NES en 1988 au Japon, puis en 1992 en Amérique du Nord. A noter pour les puristes que cet épisode est situé chronologiquement avant les deux premiers volets et qu’il joue donc le rôle de point de départ de la trilogie d’Elric (dont la suite est attendue en 2025). Quelques décennies plus tard, Square Enix s’est donc décidé à remettre au gout du jour un des jeux les plus encensés par les joueurs de l’archipel du Japon en confiant le développement de Dragon Quest III HD-2D Remake à la Team Asano qui avait déjà oeuvré sur Octopath Traveler ou encore Triangle Strategy.
Avant de partir à l’aventure, vous devrez donner un nom à votre personnage ainsi que choisir son apparence (A ou B), sachant que la différence n’est pas forcément flagrante. Il sera également possible de choisir d’afficher ou non l’objectif actuel sur la carte, ainsi que le niveau de difficulté (parmi trois). Ensuite, dès le début du jeu, de nouvelles questions vous seront posées, notamment pour connaitre votre date de naissance: un moment qui m’a un peu fait rager car le titre en déduit dès lors un signe astrologique qui n’était pas du tout le mien. Puis s’en suit une dizaine de questions assez classiques afin de déterminer votre caractère, avec là aussi une conclusion assez étrange.
Mais bref, en route pour l’aventure qui débute le matin du seizième anniversaire de notre héros qui va devoir aller rendre visite au Roi du Château d’Aliahan qui en profite pour vous narrer les exploits de votre père (Ortéga) et vous remercie par avance pour votre témérité afin d’affronter l’ennemi le plus redoutable du Royaume: l’Archidémon Baramos. Vous découvrirez rapidement la Taverne de Tulipe qui vous servira de hub pour la suite de l’histoire, avec notamment la possibilité de recruter/gérer vos compagnons d’infortune, chacun d’entre eux ayant ses propres caractéristiques et sa propre classe. Au fur et à mesure des rencontres, notre héros et ses compagnons gagneront ainsi en expérience, ce qui leur permettra également de débloquer de nouvelles aptitudes. Mais ne vous attendez pas à un scénario de folie: le jeu d’origine est sorti il y a 36 ans et à l’époque, tout était beaucoup plus simple…
Ce qui saute aux yeux bien évidemment, c’est le style 2D-HD de toute beauté qui permet de sublimer le jeu de l’époque. On y retrouve donc des personnages/monstres arborant leurs plus beaux pixels, évoluant dans des environnements en 3D qui ne dénaturent nullement le matériel de l’époque. Bien évidemment, le moteur permet aussi de bénéficier d’effets de particules ou d’apporter des effets de lumière de toute beauté. C’est vraiment propre, plaisant à regarder (y compris lors des combats qui bénéficient d’animations parfaitement calibrées) et on en vient à apprécier le fait que le studio n’ait pas tenté de tout passer à la moulinette 3D comme cela arrive trop souvent, avec des résultats malencontreux.
Le gameplay reste assez traditionnel. En ville, vous devrez vous déplacer et interagir avec les différents personnages afin de recueillir des indices, ou dépenser quelques pièces d’or durement gagnées dans les magasins. Vous pourrez également vous déplacer sur la carte du monde, mais attention au danger qui rôde car vous pourrez tomber sur des ennemis à tout moment (en commençant par les indéboulonnables gluants), tout cela avec une gestion du cycle jour/nuit qui peut avoir des incidences. Les combats se déroulent au tour par tour (avec la possibilité de gérer la vitesse d’exécution), avec bon nombre d’options liées au combat (attaquer, lancer des sorts, se défendre, utiliser un objet, …), aux choix tactiques pour vos coéquipiers, ou encore une fonctionnalité qui vous permettra de fuir.
En terme de doublage, le titre vous propose le choix entre japonais ou anglais, avec une dizaine de possibilités pour les textes et sous-titres (dont le français, soyez rassurés). Le travail de localisation est donc colossal et on ressent très bien la volonté de peaufinage du jeu à tous les niveaux. Attention tout de même, tous les dialogues ne sont pas forcément doublés ! On appréciera aussi le fait que certains effets sonores de l’époque ont été conservés, ce qui apporte un certain cachet à l’ensemble, et que la bande son profite d’une réorchestration absolument magnifique.
Au niveau de la durée de vie, il faudra compter une quarantaine d’heures pour espérer en voir le bout (trente si vous ne perdez pas trop de temps à flâner). De mon côté, j’ai vécu une très grande partie de l’aventure sur le PlayStation Portal qui était parfaitement adapté à l’expérience et qui m’a permis d’avancer par petites sessions jusqu’à sa conclusion. A ce titre, le jeu bénéficie d’un système de sauvegarde automatique qui se déclenche notamment lorsque vous entrez dans un village ou un donjon. Mais il est également possible de sauvegarder votre progression de manière plus traditionnelle en priant dans les églises ou auprès des soeurs. De plus, les possibilités de combinaison de vos compagnons apporte une énorme rejouabilité à l’ensemble, surtout qu’il est possible de leur faire changer de classe par la suite (avec quelques contreparties)
Au final, Dragon Quest III HD-2D Remake est une réussite à tous les niveaux, que ce soit d’un point de vue graphique, ou encore au niveau du soin apporté par les développeurs pour améliorer le confort de jeu (de nombreuses options de personnalisation, des souvenirs que l’on peut se remémorer, une classe inédite, des cartes compréhensibles, des fonctionnalités “importées” de futurs épisodes, …). Bien évidemment, on pourra rétorquer que le scénario reste assez simple, que les donjons sont simplistes, voire que certaines textures ont un rendu assez quelconque, mais il faut se rappeler que l’on fait face ici à un monument du JPRG que l’on peut enfin parcourir en français de manière officielle, est dans des conditions quasi optimales. Ne passez pas à côté de cette aventure hors du temps, surtout que la suite s’annonce tout aussi grandiose…
