Back 4 Blood (version dématérialisée, vxxxx, sortie le 12 octobre 2021), Développeur: Turtle Rock Studios, Éditeur: Warner Bros Games
A l’évocation du nom Turtle Rock Studios, plusieurs jeux nous viennent en tête. Il y a tout d’abord Left 4 Dead (2008) bien évidemment, un jeu qui aura marqué de nombreux joueurs ayant eu à coeur d’aider quatre survivants à traverser des mondes rempli d’infestés. Mais c’est aussi Evolve (2015), un jeu asymétrique en 4v1 qui avait reçu des tonnes de prix et de louanges au cours des mois précédant sa sortie, avant de s’écraser et de devenir un four critique et commercial, forçant même le studio a tenté l’aventure free-to-play pour essayer de faire revenir les joueurs. Las, les serveurs dédiés à Evolve sont fermés en 2018, scellant ainsi le sort de ce cas d’école.
Trois ans plus tard, le studio revient sur le devant de la scène avec Back 4 Blood, un FPS coopératif vous proposant d’incarner un Nettoyeur dans un monde post-apocalyptique (nous passerons rapidement sur le scénario qui s’avère anecdotique). Au contraire d’autres jeux de ce type où vous faites face à des morts-vivants, ici il est clair dès le départ que les protagonistes n’ont aucune crainte des atrocités qui leur font face, même ceux ayant subi de nombreuses mutations et affichant des tailles abusées.
Le titre vous propose de parcourir la campagne en solo, en coopératif, ou encore de vous lancer dans le mode Nuée qui s’apparente à du PvP (équipe de 4 Infectés contre équipe de 4 Nettoyeurs, sur des affrontements en trois rounds avec des changements de côté). Pour être franc, j’ai majoritairement passé du temps sur la campagne qui est déjà assez conséquente en terme de contenus, mais mes quelques parties en Nuée étaient franchement sympathiques, surtout que le gameplay des infestés est assez déstabilisant (mais intelligent): si vous mourrez, vous allez réapparaitre vingt secondes plus tard sous la forme de votre choix, avec la possibilité entre temps d’améliorer vos créatures. On regrettera tout de même l’absence d’un petit tutoriel pour nous présenter les différents infestés et leurs possibilités: autant pour les Nettoyeurs, ce n’est pas un problème car vous les incarnez déjà dans le jeu principal, autant pour les Infestés, c’est un autre sujet qui risque d’apporter pas mal de frustration lors de vos premières parties (ce n’est pas aussi “simple” que d’appuyer sur une gâchette par exemple, et certains sont vraiment très lourds dans leurs déplacements).
Autre remarque mais qui s’avère évidente: préférez rapidement passer à la campagne en coop, l’IA des bots étant assez lamentable, que ce soit dans la (non) prise de décision, ou dans l’absence évidente de communication pour élaborer des stratégies face à des hordes d’infestés ! Et puis surtout, la campagne en solo ne permet pas de débloquer de nombreux éléments, comme les nouveaux personnages par exemple, ce qui est un peu aberrant mais il y a forcément une explication qui nous échappe.
Comme dans tous les jeux de ce genre, il faudra bien faire attention à personnaliser votre personnage (coucou les skins) avant chaque partie mais avec une (énorme) subtilité qui change totalement le gameplay: la création de votre deck de cartes qui ajustent différents éléments tels que la santé, l’endurance ou encore les dégâts infligés. Il existe (à l’heure actuelle) plus de 150 cartes pouvant influencer vos parties, sachant que votre deck ne peut en contenir “que” 15. Vos choix seront donc assez cruciaux pour la bonne conduite de vos missions, sachant que vous finirez (comme souvent) par utiliser toujours les même cartes, même si que le fait de devoir tirer des cartes dans votre deck rajoute un contexte aléatoire supplémentaire. Notez qu’au fur et à mesure que les joueurs progressent dans la campagne, ils gagneront des points de ravitaillement qui peuvent être dépensés pour acheter de nouvelles cartes via les lignes de ravitaillement : dès que vous repassez par votre camp de base, n’hésitez surtout pas à fureter un peu partout à la recherche d’éléments à améliorer/débloquer.
Mais afin de rendre chaque partie totalement différente de la précédente, le studio a également intégré des cartes de corruption qui peuvent changer la configuration d’un niveau, en ajoutant du brouillard ou en augmentant le nombre d’ennemis. Ajoutez à cela trois niveaux de difficultés, et vous comprendrez aisément que le titre propose une excellente rejouabilité, si tant est que l’on soit sensible à cet univers. A l’heure actuelle, le titre vous propose huit Nettoyeurs et quatre actes (pour une trentaine de chapitres à parcourir), sachant qu’un Season Pass est déjà disponible à l’achat, apportant prochainement une nouvelle histoire, de nouveaux personnages jouables, de nouvelles mutations et certainement d’autres surprises.
Sur PlayStation 5, outre une fluidité à toute épreuve, on appréciera notamment l’utilisation des gâchettes adaptatives de la DualSense lors des tirs: c’est toujours agréable de sentir un léger blocage en appuyant dessus. Néanmoins, s’il y avait un (léger) défaut à mettre en avant pour le moment, ce serait vraiment du côté de la difficulté, assez simple par moment et beaucoup trop punitive à d’autres: difficile de trouver un juste milieu et vous risquez d’avoir quelques angoisses à l’idée de réhausser le niveau général, ce qui s’avèrera malheureusement nécessaire pour débloquer plus d’éléments.
Au final, et malgré une beta qui m’avait laissé une impression assez mitigé, Back 4 Blood réussit son pari et propose un FPS coopératif particulièrement accrocheur, à la finition exemplaire, doté d’une rejouabilité quasi infinie apportée par son (ingénieux) principe de deck de cartes et la grande variété des situations rencontrées. Mais c’est aussi ce qui demandera un peu de temps aux joueurs pour rentrer dans le jeu puisqu’il y a tout un pan de stratégie à élaborer avec ces cartes, sachant qu’il faudra en plus les débloquer au fur et à mesure (ce qui joue aussi sur un sentiment de frustration). Doté d’une fonctionnalité de cross-play qui vous permettra de jouir du mode coopératif sans trop de difficultés, B4B a de beaux jours devant lui, si tant est que le studio continue à nous abreuver de contenus intéressants dans les prochains mois, que ce soit via les contenus payants du Season Pass, ou pourquoi pas lors d’évènements gratuits proposés à la communauté.