Ash of Gods : Redemption (version physique, v1.0.2, sortie le 31 janvier 2020), Développeur: AurumDust, Éditeur: Ravenscourt
Développé par le studio russe AurumDust, Ash of Gods : Redemption arrive enfin sur nos consoles, deux ans après avoir sévi sur PC et Mac où il avait pu poser ses valises après une campagne Kickstarter menée à son terme (avec quelques paliers supplémentaires). Le terrain des jeux au tour par tour étant déjà bien occupé sur la Nintendo Switch, il restait à voir si cette énième proposition allait réussir à accaparer l’attention des joueurs…
Mais tout d’abord, comment définir Ash of Gods : Redemption ? Pour faire au plus simple, le jeu pourrait s’apparenter à un tactical RPG saupoudré de fantastique, mais ce serait réduire de manière drastique le contenu du titre qui tire aussi ses racines des Visual Novels, des rogue-like ou encore des jeux de cartes type Magic (les fameux Jeux de Cartes à Collectionner) en version plus légère.
L’histoire n’est pas particulièrement bien amenée et elle se dessinera surtout au gré des rencontres et des conversations. Sachez tout de même que vous aurez l’occasion de suivre la destinée de trois groupes de personnages (Thorn Brenin et sa fille Glea, Lo Pheng, Hopper Rouley) face à la menace des Faucheurs, ces personnages ayant leur propre arc narratif mais étant voués à affronter la menace tôt ou tard. Attention : il est possible que vos héros meurent, auquel cas l’intrigue continuera tout de même ce qui évite de vous bloquer indéfiniment; mais du coup, ne vous attachez pas trop aux protagonistes car le jeu est tout de même assez difficile. En effet, rien que pour vous déplacer, vous devez posséder un stock suffisant de strixes qui sont assez difficiles à obtenir car dépendants d’évènements, mais il faudra également compter sur les virus qui peuvent infecter vos personnages (jusqu’à la mort), ou encore le système de soin qui se révèle être assez contraignant…
Mais quand on y regarde de plus près et que l’on se met à discuter avec d’autres personnes possédant le jeu, c’est finalement le côté Visual Novel qui prend le dessus (il y a d’ailleurs un mode de jeu qui vous propose tout simplement de regarder les combats automatiques pour vous focaliser sur le scénario). Et encore, Visual Novel serait peut-être réducteur tant le titre se montre bavard: c’est bien simple, les protagonistes passent leur temps à parler, de tout et (souvent) de rien, à tel point que l’on frôle l’indigestion à chaque nouvelle tyrade; sans compter les nombreuses descriptions qui viennent émailler chaque nouvel écran. Fort heureusement, les dialogues sont intégralement traduits en français mais il faut aimer beaucoup (beaucoup) lire pour réussir à s’immerger dans le jeu. Vous pouvez bien sûr tenter de lire en diagonale pour essayer de saisir la substance des dialogues mais il faudra parfois se montrer alerte lorsqu’il vous sera proposé des choix dans les réponses apportées, certaines ayant des impacts sur la loyauté de vos coéquipiers, voire pire. A quoi bon vous présenter un personnage pendant si longtemps s’il meurt dix minutes plus tard ? Mystère…
S’il y a tout de même un bon point à mettre au crédit du jeu, c’est son côté artistique tout bonnement magnifique, si l’on réussit à faire fi de certains visages assez mal dessinés lors des phases de dialogues. Le genre vous rappellera certainement The Banner Saga qui fut sans doute une belle source d’inspiration pour le studio russe mais il serait injuste de faire la fine bouche devant le résultat.
Au niveau du champ de bataille, on appréciera également le fait que le didacticiel soit accessible facilement (une simple pression sur le stick gauche vous rappellera les différentes mécaniques de jeu), ce qui permet de s’allouer des pauses entre deux sessions de jeu (trop de dialogues, vous vous souvenez ?) et de réussir à revenir au jeu quelques jours plus tard sans trop de difficultés (avec parfois la mauvaise surprise de voir que la sauvegarde automatique s’est effectuée bien plus tôt que prévu). Au niveau des combats, pour lesquels l’ergonomie des boutons n’est pas toujours évidente, il faudra rapidement comprendre les différences entre Santé et Energie, car le fait d’en faire descendre un pourrait avoir des conséquences sur l’autre, et faire évoluer les compétences de vos combattants de manière intelligente. D’ailleurs, le jeu n’étant pas exempt de bugs, vous allez rapidement pesté lorsque vous devrez recommencer certaines batailles depuis le début. Et comme le studio ne s’est pas décidé à corriger certains crashs intempestifs, il faudra vous armer de courage pour espérer voir l’une des sept fins du jeu, ce qui devrait arriver au bout de 20 ou 25 heures de jeu si tant est que vous ayez le courage de continuer l’aventure (la carte est vraiment énorme). Il y a bien eu un patch au bout de 5 semaines qui a notamment corrigé un bug qui m’empêchait d’avancer dans le scénario (heureusement qu’il y a un minimum de suivi) mais je me suis ensuite retrouvé complètement bloqué lors de batailles où les boutons répondaient difficilement. Résultat: j’ai passé tous les combats en automatique pour tenter de voir la fin du jeu au plus vite…
Enfin, sachez que l’ambiance sonore est à mettre au crédit de Adam Skorupa et de Krzysztof Wierzynkiewicz, deux polonais surtout connus pour avoir travaillé sur la bande son de la franchise vidéoludique The Witcher.
Ash of Gods : Redemption est donc un T-RPG qui cache bien son jeu, avec un côté Visual Novel beaucoup trop poussé dans ses retranchements. En soi, le titre est accrocheur, si tant est que l’on réussit à comprendre les tenants et aboutissants des différentes trames narratives mais sa difficulté mal dosée et ses soucis de stabilité sur Nintendo Switch font qu’il risque de frustrer de nombreux joueurs qui ne connaitront jamais la vérité sur les Faucheurs…