Zero Dark Thirty, durée 2h29, sortie cinéma le 23 janvier 2013, réalisé par Kathryn Bigelow, avec Jessica Chastain, Jason Clarke, Joel Edgerton, …
Après le succès de Démineurs en 2009, avec notamment six Oscars gagnés face à Avatar, Kathryn Bigelow revient sur le devant de la scène cette année avec Zero Dark Thirty, un film dont la préparation pourrait être qualifié de chaotique, notamment après l’assaut du 1er mai 2011 qui a permis de mettre un terme à la traque d’Oussama Ben Laden (mais qui a engendré une réécriture complète du film qui était, jusqu’alors, focalisé sur l’échec des USA à retrouver le leader d’Al-Qaïda). Mais en faisant une nouvelle fois confiance à Mark Boal pour l’écriture du scénario, la réalisatrice californienne était assurée de pouvoir compter sur une histoire solide, même si au final le film fera plus parler de lui pour son apologie de la torture ou encore pour la reconstitution de certains événements classés top secret …
Le récit de la traque d’Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines…
Comme il fallait s’en douter, Zero Dark Thirty débute le 11 septembre 2001 avec l’effondrement des Tours du World Trade Center à New-York. Plutôt que de nous montrer des images vues et revues qui auraient pu accentuer d’autant plus la haine avant de s’embarquer dans 150 minutes de film, la réalisatrice nous fait ressentir l’effroi de la situation par le biais d’extraits de conversations et d’appels au secours, le tout sur un fond noir du plus bel effet. Deux ans plus tard, les spectateurs sont invités à suivre Maya (Jessica Chastain, The Tree of Life), jeune analyste de la CIA fraichement débarquée au Moyen-Orient afin d’apporter son expertise pour la plus grande chasse à l’homme de l’Histoire moderne. Sur place, elle fera rapidement connaissance avec Dan (Jason Clarke), un agent aux méthodes musclées, ainsi qu’avec Joseph Bradley (Kyle Chandler, Demain à la une, Friday Night Lights), chef de station de la CIA à Islamabad.
[dailymotion xwl3qn]Les deux premières heures du film nous proposent de découvrir les grandes phases de l’enquête et les méthodes utilisées pour faire parler certains terroristes d’Al-Qaïda dans les Black Sites de la CIA : la torture, l’humiliation, la privation … autant de techniques qui faisaient déjà polémiques alors que le film n’avait pas encore été projeté. Alors certes, il s’agit d’un sujet brulant, et la réalisatrice s’en sort assez bien, même si certains spectateurs devraient en ressortir bouleversés (à côté de la CIA, Jack Bauer passerait presque pour un enfant de coeur). Cette quête, étalée sur près de huit ans, permet également de comprendre les nombreuses ramifications du réseau et les moyens utilisés pour obtenir des renseignements. Là encore, les informations les plus importantes seront finalement obtenues sans recourir à la torture, ce qui démontre bien les limites de ces actes d’un autre temps (même si certains messages véhiculés par les forces armées portent à croire que ces informations auraient pu être récupérées plus rapidement en employant la force)… Au final, certains attentats, comme ceux de Londres en 2005, ne pourront pas être stoppés à temps malgré cet acharnement inhumain sur les prisonniers !
Quant à la dernière demi-heure, elle est entièrement dévolue à l’assaut sur la forteresse abritant Oussama Ben Laden, le titre du film signifiant 0h30, heure à laquelle les Navy SEALS ont pénétré dans cette enceinte d’une superficie de 3500 m2. Ici encore, la précision des actions est imparable, les caméras ne ratant aucun tir, et certaines scènes vous donneront vraiment l’impression de faire parti du commando d’élite (notamment lors de l’utilisation des lunettes de vision nocturne) jusqu’à la cible finale, nom de code Geronimo. Étonnamment, il s’agit de la seule partie du film qui ne fait pas la part belle aux mélodies composées par Alexandre Desplat, l’atmosphère étant déjà assez électrique et l’action menée tambour battant au rythme des tirs et des explosions. Au final, Zero Dark Thirty est donc à prendre comme un excellent divertissement se basant sur des éléments (tragiques) de notre époque afin de nous conter une histoire s’étalant sur près de dix ans. Et puis il faut bien se l’avouer: nous ne saurons jamais à quel point le scénario se rapproche vraiment de la vérité alors, jusqu’à preuve du contraire, il faudra se contenter de cette version afin de se replonger dans l’un des faits les plus marquants de ces dernières années…
Note: 8/10