Au-delà (Hereafter), durée 2h08, sortie cinéma le 19 janvier 2011, réalisé par Clint Eastwood, avec Matt Damon, Cécile de France, Thierry Neuvic, Frankie McLaren, Bryce Dallas Howard, …
La sortie d’un nouveau film de Clint Eastwood est toujours un événement et Au-delà ne devrait pas déroger à la règle. Mais pour son 31ème film, l’acteur/compositeur/réalisateur/producteur a décidé de s’immiscer sur un terrain doublement miné: les médiums et les expériences de mort imminente (Near-Death Experience). Peter Morgan (Le dernier Roi d’Ecosse, The Queen) s’est attelé au scénario peu de temps après la perte d’un ami cher et des noms aussi prestigieux que ceux de Steven Spielberg ou encore Kathleen Kennedy font également leur apparition au générique du côté de la production. Un réalisateur de génie, un scénariste maintes fois récompensé, des producteurs de renom: Dirty Harry aurait-il regroupé l’équipe idéale?
Au-delà est l’histoire de trois personnages hantés par la mort et les interrogations qu’elle soulève. George est un Américain d’origine modeste, affecté d’un “don” de voyance qui pèse sur lui comme une malédiction. Marie, journaliste française, est confrontée à une expérience de mort imminente, et en a été durablement bouleversée. Et quand Marcus, un jeune garçon de Londres, perd l’être qui lui était le plus cher et le plus indispensable, il se met désespérément en quête de réponses à ses interrogations. George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir, la même quête. Leurs destinées vont fi nir par se croiser pour tenter de répondre au mystère de l’Au-delà.
Les premières minutes du film nous font immédiatement penser aux productions signées Roland Emmerich telles que “Le jour d’après” ou encore “2012”. En effet, la scène d’ouverture nous met face à un tsunami ravageant les côtés thaïlandaises (2004) et à Marie Lelay (Cécile De France), une célèbre journaliste française qui se retrouve bien malgré elle balayée par l’immense vague. Cette expérience, terriblement troublante, sera l’occasion pour elle de faire face à la mort, un événement qui va bouleverser sa vie, tant du point de vue professionnel que spirituel. A des milliers de kilomètres de là, à San Francisco, George (Matt Damon) profite pleinement de sa nouvelle vie, même si cela le contraint à vivre seul, avec pour seul “ami” son frère Billy (Jay Mohr). Autrefois médium, ce dernier a décidé de ne plus se servir de son don pour aider autrui et de revenir à des bases plus saines (pour lui), mais beaucoup moins lucratives puisqu’il se retrouve manutentionnaire et que le spectre du licenciement pointe déjà son nez. Enfin, à Londres, Marcus et Jason (George et Frankie McLaren) sont des frères jumeaux d’une dizaine d’années, quelque peu délaissés par leur mère un brin toxicomane et vivant dans une cité délabrée où la misère règne en maitre. La vie de Marcus va complètement basculer le jour où son frère va mourir dans un terrible accident de la circulation. Dès lors, le jeune homme ne sera plus jamais le même, cherchant à tout prix à rentrer en contact avec son frère disparu…
[dailymotion xgjbfi]La présentation de ces trois histoires bien différentes ne sera pas sans vous rappeler de nombreux films qui ont déjà utilisé cet artifice (comme Traffic, Collision ou 21 Grammes par exemple) connu sous le terme “film choral” et le spectateur n’aura aucun doute sur le fait que les différents protagonistes seront amenés à se croiser, voire à s’entraider. Malheureusement, pour arriver jusqu’à ces instants cousus de fil blanc, vous devrez vous coltiner des scènes pleines d’émotion (à Londres) mais également un jeu d’acteur digne des plus mauvais soap (à Paris). Soyons clairs, la partie française du film est la plus faible de toutes, entre ses scènes stéréotypées, surjouées ou encore des placements produits à tout va (Blackberry, France Televisions, …). Le fait que les acteurs (dont Thierry Neuvic) aient joué ces scènes directement en français n’est peut-être pas étranger à cette catastrophe, mais il faudrait également se poser des questions d’ordre plus général concernant ce même casting…
Enfin, le thème principal du film ne plaira vraisemblablement pas à tout le monde. En effet, il est déjà difficile de parler de la mort, mais quand on y ajoute toutes ces histoires entendues autour de charlatans dotés d’un don de voyance, il en va s’en dire qu’il est quasiment impossible d’avoir une opinion positive par rapport à ces “médiums” et le scénario ne se mouille jamais par rapport à ces phénomènes surnaturels. De son côté, Clint Eastwood a pris le parti de nous représenter l’au-delà par le biais de séquences assez floues où l’on peine à discerner les silhouettes des âmes en peine, mais ce traitement devient rapidement simpliste voire rébarbatif. Bref, on aurait pu s’en passer…
Au milieu de ce marasme, l’histoire attachante des jumeaux londoniens réussit tout de même à nous toucher et l’on se prendrait presque à rêver d’un film uniquement basé sur eux. Parmi les autres bonnes surprises, il y a notamment ces séquences pleines d’émotion mettant en scène Matt Damon et Bryce Dallas Howard (La jeune fille de l’eau, Spider-Man 3, Twilight Chapitre 3), mais pour le reste, il n’y a pas grand chose à sauver durant ces deux heures d’une lenteur quasi insoutenable. Certes, il y a très certainement une vie après le deuil, mais concernant les questions autour de la vie après la mort, ne vous attendez pas à y découvrir une once de théorie…
Note: 3/10