Comment j’ai créé Captain Tsubasa (de Yôichi Takahashi), 230 pages au format A5, publié par Omaké Manga le 6 février 2020
En ce début d’année 2020, Omaké Manga nous propose l’auto-biographie de Yôichi Takahashi, l’auteur de la série à succès Captain Tsubasa qui a connu son heure de gloire en France lors de sa diffusion sur feu La Cinq sous le nom Olive & Tom. Cette première série animée nous proposait 128 épisodes et les enfants de l’époque (dont votre serviteur) se souviennent avec émotion de tous ces tirs complètement fous que nous nous efforcions de recréer sur le terrain de football après chaque diffusion, mais également des remontées de terrain balle au pied qui pouvaient durer quasiment tout un épisode (de 22 minutes). S’en suivirent d’autres séries animées, et notamment un reboot/remake diffusé depuis 2019 sur les chaines françaises.
Mais à l’origine, Captain Tsubasa de Yôichi Takahashi est un manga prépublié dans le Weeky Shonen Jump entre 1981 et 1988 et compilé en 37 volumes (disponibles en France). Le succès fut tel qu’une suite a également été prépubliée entre 1994 et 1997 sous le nom Captain Tsubasa: World Youth pour un total de 18 volumes. Depuis, de nouvelles séries ont été imaginées pour un total de 45 volumes publiés: c’est clairement une affaire qui roule pour l’auteur (plus de 80 millions d’exemplaires vendus dans le monde), même s’il est vrai que la série d’origine garde une place particulière dans le coeur des fans.
Pour ceux qui n’ont jamais lu/vu la série, le scénario est un prétexte pour suivre l’évolution d’un jeune garçon du nom de Tsubasa Ōzora (Olivier Atton en France) dans le milieu du football au Japon. Quand on pense football dans les années 80/90, ce n’est bien évidemment pas le Japon qui nous vient immédiatement à l’esprit et c’est sans doute pour cela que Tsubasa sera entrainé/suivi par Roberto, un joueur mondialement connu ayant joué pour le Brésil et qui va laisser sa carrière de côté pour prendre le jeune joueur sous son aile.
Et c’est justement le point de cette autobiographie, à savoir comment l’auteur en est arrivé à réussir à imbriquer toutes ces personnalités pour en tirer une oeuvre majeur du manga. Né d’une famille modeste, Yôichi Takahashi commence dès dix ans à dessiner des mangas pour ses frères et ses amis. A l’époque, et comme la plupart des jeunes japonais, il est surtout attiré par le baseball mais ses heures libres le poussent à dévorer des mangas et à regarder des animes : c’est là qu’il apprend à dessiner, en autoditacte, afin de conserver des images de ce qu’il vient de voir.
L’auto-biographie nous narre ensuite ses années collège et lycée, émaillées de déceptions mais également de belles rencontres, notamment au sein de l’équipe de softball, qui lui apprendront le sentiment de persévérance qui aura une influence sur ses créations.
Enfin, la Coupe du Monde de Football de 1978 (en Argentine) agira comme un véritable déclencheur : malgré l’absence du Japon dans la compétition et le faible nombre de matchs diffusés à la télévision japonaise, l’auteur en retiendra la passion et la ferveur autour des grands noms du football de l’époque.
Viendra enfin la consécration: le one-shot Captain Tsubasa sera publié dans Jump le 5 mai 1980, avant de devenir une série à part entière à compter du 13 avril 1981. Le reste appartient désormais à l’histoire…
Au final, Comment j’ai créé Captain Tsubasa est une véritable mine d’informations concernant l’auteur de cette oeuvre culte : Yôichi Takahashi. Bien que le livre souffre de quelques redites d’un chapitre à l’autre, il se laisse lire sans problèmes, le style n’étant pas du tout pompeux, et dévoile les coulisses de l’univers du manga au Japon (avec les concours, les pré-publications, les assistants ou encore la pression hebdomadaire). Il permet également de mieux appréhender certains pans de l’histoire, comme les spectateurs qui commentaient sans arrêt les matchs ou les longues explications sur certaines règles comme le hors-jeu. En revanche, il n’y a pas d’anecdote franco-française pour expliquer pourquoi tous les noms des joueurs et des équipes ont été modifiés lors de l’arrivée du dessin animé en Occident (on peut se douter que le Japon ne faisait pas vraiment rêver niveau football à l’époque mais il aurait été sympathique d’avoir un retour des équipes en charge de la localisation, même en annexe).
Enfin, cette édition française se termine par une interview exclusive de 9 pages concernant la France où l’auteur dévoile tout son amour pour le football hexagonal. On pourrait regretter que l’éditeur n’ait pas réussi à intégrer les pages du one-shot ou le premier chapitre de Captain Tsubasa pour faire le lien avec la souffrance endurée par l’auteur pour accoucher de son oeuvre, mais il faudra pour cela se tourner vers vos libraires. Et nul doute que le récit devrait pousser beaucoup de gens à se replonger dans les exploits de Tsubasa…